Conformation Ce qu’il faut regarder lorsqu’on choisit un reproducteur

Conseiller bovin croissance, Vincent Lecoq à l’œil pour détecter les taureaux de demain. Habitués à voir défiler les bovins, il donne quelques astuces pour bien analyser la morphologie des futurs reproducteurs.

Première étape : savoir ce que l’on cherche. « Il faut se fixer les bons objectifs morphologiques », résume le conseiller. Taureau, viande, mixte ou élevage… « On ne regarde pas les mêmes choses selon le type de taureaux que l’on cherche ».

Une fois le profil du taureau déterminé, le conseiller propose de passer en revue neuf postes pour voir si l’animal colle avec nos attentes. Et si l’on hésite encore, Vincent Lecoq a trois critères supplémentaires qui permettront de trancher !

Du développement musculaire

- Le dessus d’épaule : c’est la largeur entre les deux omoplates. « Plus il est large, plus il aura tendance à fixer la viande dans le dos », résume Vincent Lecoq.

- L’arrondi de culotte : « les bons morceaux sont dans l’arrière-main de l’animal, alors autant rechercher de l’arrondi de culotte ». Attention tout de même à ne pas rentrer dans l’extrême pour éviter les problèmes au vêlage sur ses filles.

- La largeur de culotte : les animaux plus larges auront souvent des bassins de meilleure qualité pour vêler.

- Les épaisseurs du dessus : « c’est là que les animaux fixent les bons morceaux ». L’éleveur a tout intérêt à travailler sur l’épaisseur de filet pour viser une meilleure valorisation carcasse de ses animaux, surtout s’il travaille avec un débouché en boucherie. D’autant que les animaux épais sur le dessus ont une meilleure rectitude du dos.

Du développement squelettique

- La longueur du dos : la longueur du dessus se mesure de la pointe de l’épaule à la pointe de la hanche. « On cherche à ce qu’il soit le plus long possible pour aller chercher du poids de carcasse. Aujourd’hui, les animaux les plus longs peuvent être aussi lourds que les plus grands », insiste Vincent Lecoq.

- La longueur du bassin : elle très importante pour l’aptitude au vêlage. « La longueur de dos doit idéalement représenter les deux tiers de sa longueur de l’animal, et la longueur de bassin, un tiers. Il faut des bassins longs pour que les femelles vêlent seules. »

- La largeur aux hanches : les bassins larges facilitent également le vêlage.

Surveiller les aplombs

Il faut que l’animal soit bien dans ses aplombs avant comme arrière. « On lui demande de suivre un lot de vaches, il faut qu’il se déplace bien sans être obligé de faire venir le pareur trop régulièrement », poursuit le conseiller. « Éviter les animaux trop panards, qui souvent usent les extérieurs et ont tendance à avoir besoin du pareur de façon régulière. »

Parmi les défauts les plus inquiétants figure le jarret coudé qui finit par un pied long-jointé. « Ce sont des animaux qui auront du mal à vieillir et demanderont de l’entretien. Autant éviter ces deux gros défauts. »

Les plus qui font la différence

Si l’on veut trancher entre deux animaux, regarder la grosseur d’os. « La majorité des races recherchent la finesse d’os. Si l’on a le choix entre deux animaux, regarder la grosseur des canons. » Plus ils sont fins, plus il y aura de place pour les muscles, et plus cela améliore la facilité de naissance.

La rectitude du dos peut également faire la différence. Plus un animal est tendu, mieux il vieillira.

La profondeur de poitrine est à regarder. Elle joue sur la capacité respiratoire, pour gambader dans les prairies, mais aussi sur la capacité d’ingestion.

Au delà de la morphologie, il reste important de demander le dossier DEP pour voir les performances de l’animal, mais également celles de ses parents. « Plus on a de données, mieux c’est », souligne le conseiller. Il s’agit de voir si le mâle que l’on nous présente n’est pas un « accident génétique ». Car il n’y a pas de taureaux sans bonne mère. « Il produira très bien si sa mère a toujours bien produit sur sa carrière. »